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Concours de nouvelles 2025
À l’été 2024, vos bibliothécaires ont lancé un concours de nouvelles sur le thème “anniversaire”. Dans ces pages, découvrez un extrait des textes des lauréats de cette deuxième édition.
Lauréat Catégorie Jeune
En Piste !
Alice Tisserand
Un jour, Lisa, une jeune fille mordue de sport, découvrit une lettre cachée dans son livre préféré. Elle hésita à l’ouvrir : elle était tellement curieuse qu’elle ne résista pas. Une fois ouverte, elle put y lire une énigme qui disait : « Va à l’endroit où les nageurs des JO de 1924 se sont rendus et tu trouveras l’énigme sous l’un des plots. Maintenant, à toi de décider si tu veux ou non t’y rendre mais si oui, tu trouveras un trésor. Cherche bien et bonne route ! »
Lisa pensa qu’elle aurait tort de ne pas essayer et demanda à ses parents d’appeler Oscar, son voisin et meilleur ami, aussi passionné de sport qu’elle. Emportée par l’excitation, elle débita toute l’histoire en quelques secondes. Oscar n’y comprit rien et elle dû tout recommencer. Oscar eut tout de suite une excellente idée en suggérant de chercher sur Internet. C’est ce qu’ils firent ensuite.
Ils découvrirent que c’était leur piscine municipale, la piscine Georges Valleray. Ensuite, ils questionnèrent leurs parents pour y aller. Heureusement, ils approuvèrent. La seule condition était qu’il fallait attendre le lendemain matin. Que ce fut long…
Le lendemain matin, toute la petite troupe s’en alla vers la piscine. Lisa et Oscar avaient bien évidemment d’autres idées en tête que de nager. Dès l’arrivée, ils coururent en direction des plots mais ne trouvèrent pas l’énigme. Ils continuèrent à chercher. Au bout d’un moment, ils virent une ficelle, la tirèrent et découvrirent l’énigme qu’ils cherchaient. Ils la lurent à haute voix : « Vous avez choisi de venir, voici donc l’énigme : Allez dans le bois de Vincennes et cherchez un certain Cipale. »
Oscar, qui était très bon en histoire, sut tout de suite de quel lieu il s’agissait : Le vélodrome Jacques Anquetil anciennement appelé vélodrome de la Cipale. Le problème, c’est que ce n’était pas à côté. Il fallut donc convaincre les parents, ce qui ne fut pas simple. Ils y allèrent le lendemain matin mais la nuit, Lisa eut des rêves tellement étranges qu’elle faillit renoncer.
Une fois arrivés, ils se précipitèrent pour trouver l’énigme mais, encore une fois, ce fut difficile. Ils trouvèrent l’énigme au bout de 2 heures de recherche. Elle était coincée dans le siège 22 de la ligne D de la tribune H. Très, très bien cachée ! Ce fut Oscar qui la trouva. L’énigme disait : « Va à Colombes, trouve le stade et tu découvriras le trésor. »
Mais cette fois-ci, le problème était que les parents ne pouvaient pas venir car ils étaient occupés. Ils leurs donnèrent donc de l’argent pour prendre les transports en commun. Le lendemain, à la sortie de l’école, ils prirent donc le bus, le métro, puis finirent à pied. En arrivant, le stade était rempli de monde et ils découvrirent, avec surprise, leurs parents, visiblement en train de les attendre. Mais que faisaient-ils donc là ?
Leurs parents leur expliquèrent que c’était aujourd’hui le centenaire des JO de Paris 1924 et que c’était pour cette raison qu’ils avaient eu l’idée du jeu de piste pour les conduire jusqu’ici. Puis ils leur donnèrent des places pour plusieurs des épreuves des JO 2024. Et pour fêter cela, des tours de pistes et des bonbons pour tout le monde !
Lisa et Oscar s’amusèrent comme des fous et rentrèrent chez eux certains que c’était le meilleur après-midi de toute leur vie (enfin, pour l’instant…) !
Lauréat Catégorie Adulte
Patins d'argent
François Ménochet
Hermeline remonte la longue rue, murs gris, quelques jardins, plus haut, vers le boulevard….Un peu de verdure, quand même ! Et le voici, ce grand boulevard, animé, coloré, vivant. Double rangées de platanes, en majesté ; Le jeu, et le bonheur, l’automne venue : marcher le pied haut levé, et de brasser à grandes enjambées, soulever, les grandes feuilles sèches et dorées. Tous les boulevards sont ainsi dans la ville ; la guerre, pas si lointaine, l’a détruite, en partie. Mais, les grands boulevards, et les églises, non. Les vieux platanes et les croix toujours debout !
Trajet quotidien d’Hermeline, la route vers le « Petit Lycée », le collège aujourd’hui, la 6ème, pour elle. Donc, la voici dans sa marche matinale, de l’appartement neuf, aménagé avec soin par Maman. Le collège, les copines et les copains !!!! Nouveauté magistrale dans l’éducation : garçons et filles ensemble. Grand chambardement…..Ah, les gars, les filles, observations, et ricanements dans tous les coins. Bon, il y a les cours, sans grande passion, magistraux, et pédagogie en rade, le plus souvent. Et, dont on parle peu, pour le moment…..
Le « petit lycée » ainsi nommé dans le quartier, est un bâtiment neuf, moderne, au goût du jour, en ce début des années 1960, tournées vers le futur, sous l’aile paternelle, et rigide du Général de Gaulle. Le quartier est en chantier ; les jolies petites maisons anciennes, certes inconfortables, mais entourées de leurs jardins, n’ont plus leur place dans ce plan urbain. Place aux bâtiments. Appartements, quatre étages. F4 pour tous, sanitaires, formica, télévision, mais 1 ou 2 chaines…Et en noir et blanc, s’il vous plait ! Ne parlons pas internet, Amazone, portable, TikTok, et compagnie. Inconnus et à peine envisageables en 60.
La fin des cours, l’après–midi, marque la halte attendue, du goûter chez les grands-parents. Pas très loin du collège. Retour vers le paradis. Le jardin de Grand-Père, adorable Grand-Père ; Grand-Mère attentive, et le chien ! Tendresse et jeux dans ce merveilleux jardin. Hermeline y a d’ailleurs un petit carré de terre, bien à elle, avec des outils à sa mesure. Elle imite Grand-Père. Culture éphémère et indécise, pour elle ; pour lui, du sérieux ; il nourrit la famille en légumes et fruits « bio ». Oui, oui… BIO. Terme inconnu, ou à peu près en 1960. Pourtant, c’est vrai. Après son travail, dans la soirée, et les jours de congés, rien ne compte plus que ce jardin ; « allez, vite au jardin ». Voilà son mot ! De plus, « Style Le Nôtre », carrés aux cordeaux, chasse sévère aux mauvaises herbes, aux « doryphores », vous savez ces petits insectes rouges, comme une coccinelle, mais au rouge plus foncé, et à la carapace molle ; ceux-ci raffolent du feuillage des pommes de terre. Hermeline est chargée de les enlever, mais, attention de ne pas écraser les plants en avançant dans les rangs si bien ordonnés ! Le jardinier veille du coin de l’oeil.
Bon, ne nous égarons pas dans les allées du jardin. Ceci sera l’occasion d’une autre nouvelle, pourquoi pas !
Revenons à notre boulevard si attirant…En effet, Hermeline aime ce boulevard animé, où se côtoient quelques boutiques. Une seule attire le plus souvent son attention. Une sorte de « Drugstore », mot moderne s’il en faut…Aux articles hétéroclites : mercerie, bijoux en toc, jeux, laine, aiguilles à tricot, et surtout des livres !
Et, là, un matin, le bleu pétillant et azur, le sourire éclatant de deux personnages, attirent l’attention de la petite fille. Un livre grand, et épais. « Patins d’Argent ». Quel drôle de titre, d’une écriture jaune vif, sur le bleu de la couverture ; et ces deux personnages, si heureux, si joyeux, en mouvement, où vont-ils ? Et leurs drôles de coiffure ? Quelle envie soudain de tenir ce livre, la curiosité de connaître ces deux joyeux enfants, car ce sont des enfants dirait-on, de très jeunes gens en tout cas.
Le soir, à la maison, bavardage habituel sur le déroulé de la journée. Hermeline ne peut s’empêcher de partager avec Maman, sa découverte, son enthousiasme ; ce livre étrange dans la boutique en haut du boulevard.
« Tu sais bien, le magasin près de la boulangerie ; tu te rends compte comme cela doit être bien, ce livre ! » Personne ne semble entendre, ni de partager son envie. Maman fait oui, oui, et passe à un autre sujet. Ça alors ! On dirait même qu’elle n’entend pas. Sans doute d’autres préoccupations dans son travail. Bon…
Les jours passent, en cet hiver, et chaque matin le livre, dans la vitrine, salue d’un petit air malin le visage d’Hermeline, penché vers lui, mais figé derrière la vitre. Elle se dit « ce ne sera pas pour moi » ! Pourtant, avec toujours plus d’envie…
Elle tente bien le soir d’évoquer, les lumières de la vitrine, les autres objets, qu’elle voit à peine pourtant ! Et revient sur le sujet du livre. Peine perdue, Maman reste de marbre. Elle n’entend même plus du tout on dirait. Juste un petit sourire en coin. Quelle déception !
Déception encore plus forte un matin. La vitrine a changé. Certes, bien d’autre objets, même d’autres livres ; mais le vrai, le seul, le bleu…. Disparu de la vitrine. Hermeline a beau regarder, chercher, peut-être sur une étagère, au fond du magasin Les enfants de la couverture, leur joie, leurs sourires si communicatifs, plus rien. Le livre a disparu ; VENDU !!!!
Bien entendu, au dîner, la petite confie cette soudaine disparition : « quoi, tu sais bien ce livre, je t’en ai souvent parlé ; et bien, il n’est plus là ». En face, Maman toujours la même attitude, une sorte d’indifférence ; hochements de tête, et on parle d’autre chose. Désolant, mais, bon n’en parlons plus.
Un matin d’hiver Hermeline va fêter son anniversaire !!!!! Oui, c’est bien ce matin. Elle va vite se lever, et commencer cette journée, pas tout à fait ordinaire quand même. Elle a dix ans. Dans la famille on dit que c’est important. Qu’on devient grand. Et voici que Maman ouvre doucement la porte de la chambre. « Hermeline, c’est l’heure ». Petit jus d’orange rituel, mais, le jus d’orange n’est pas le seul dans les mains de Maman, un paquet…. Dès ce matin, et au lit ; étonnement. Ce devait être ce soir pour le gâteau, et peut-être des surprises ! Mais, là, ce matin ?? Tout à fait inhabituel, et ce geste de déposer en silence, sur les genoux d’Hermeline un paquet bleu !
Pourtant, en dépit de la surprise, et sans un mot, le papier est vite défait, et laisse apparaître : deux sourires, la joie de vivre, le mouvement énergique et joyeux : PATINS D’ARGENT !!!!!
Stupéfaction, joie immense, inoubliable, et cet élan de tendresse envers Maman. Elle a joué l’indifférente, et pourtant…Dans le secret de son coeur elle cachait cet achat, prévu en avance, juste pour le bonheur d’Hermeline. Afin de marquer l’anniversaire de ses 10 ans.
Ce moment, Hermeline le gardera en elle tout au long de sa vie. Un petit rayon de soleil…; de même, PATINS D’ARGENT, le livre, est toujours joyeusement présent dans sa bibliothèque d’adulte.
Elle a appris ainsi où se rendaient les personnages. De jeunes adolescents hollandais, désireux de participer à une course de vitesse, sur un lac gelé de leur pays ; et dont le prix remis aux vainqueurs était : une paire de magnifiques patins d’argent.
Bon anniversaire Hermeline !!!!